الحراك الإخباري - Entre coups de gueule et coups calculés : la méthode Trump décodée

Entre coups de gueule et coups calculés : la méthode Trump décodée

منذ 7 ساعات|الأخبار



Ahmed ABDELKRIM

Donald J. Trump, 47ᵉ président des États-Unis, est de retour au sommet du pouvoir depuis janvier 2025. Mais il n’est jamais vraiment parti. Sa réélection, obtenue dans un climat de polarisation extrême, a marqué le retour d’un leadership atypique, brut, clivant, déroutant — un leadership dont l’imprévisibilité n’est pas une conséquence, mais une méthode.

Depuis son retour à la Maison-Blanche, Trump agit vite, fort et souvent seul. Il gouverne par décrets, impose ses règles dans les sommets internationaux, et multiplie les ruptures diplomatiques. Ses décisions s’imposent comme des coups de théâtre. Il suscite la peur, l’adhésion ou le rejet, mais jamais l’indifférence. Alors, simple instinct ou stratégie réfléchie ? Et surtout : comment les partenaires internationaux peuvent-ils composer avec une telle personnalité ?

Une gouvernance par le choc

En cinq mois de mandat, Trump a signé plus de 160 executive orders, balayant des pans entiers de politiques mises en place sous Biden :

• Suppression des mesures climatiques (retrait accéléré des Accords de Paris),

• Blocage de la migration légale et illégale avec la réactivation du « Muslim Ban » élargi,

• Déconstruction des programmes DEI (Diversity, Equity, Inclusion) dans les universités et administrations,

• Tarification punitive sur les importations chinoises, européennes et mexicaines.

Ce retour à un nationalisme économique radical, couplé à un autoritarisme exécutif, traduit une conception unilatérale du pouvoir. Pour Trump, le compromis est une faiblesse. Le rapport de force est un mode de gouvernance.

Diplomatie : déstabiliser pour dominer

Le sommet de La Haye, en juin 2025, a été l’illustration parfaite du "Trumpisme diplomatique" :

• Durée limitée à une demi-journée,

• Discours chronométrés à 4 minutes,

• Exigence d’une hausse immédiate des budgets militaires européens à 5 % du PIB,

• Répétition d’un mantra : « l’Amérique n’est pas une ONG ».

Face à Zelensky, Trump a refusé l’aide militaire tant que des « garanties d’austérité interne » n’étaient pas actées. Il a humilié publiquement le président ukrainien en conférence de presse, l'interrompant à plusieurs reprises, lui imposant le rythme, le langage, les termes de la coopération.

Lors de l’escalade entre l’Iran et Israël Trump a autorisé des frappes ciblées de représailles, avant de décréter — seul — un cessez-le-feu, contournant l’ONU. Il s’est ensuite autoproclamé « faiseur de paix ».

Une stratégie du chaos… planifiée ?

L’imprévisibilité de Trump n’est pas un accident. Elle constitue un instrument de pouvoir. En voici les leviers :

• Déstabilisation permanente : Les partenaires ne savent jamais ce qu’il va faire. Ils se préparent au pire, ce qui lui donne l’avantage dans toute négociation.

• Personnalisation extrême : Il traite les affaires d’État comme des duels. L’enjeu n’est pas le consensus, mais la victoire.

• Médiatisation systématique : Chaque sortie est calibrée pour occuper l’espace médiatique, créer du bruit, faire diversion.

• Simplification brutale du réel : Les problèmes complexes sont ramenés à des slogans (Build the Wall, Make America Great Again, America First), avec un puissant impact populaire.

Trump gouverne comme on gère un empire personnel. Il mêle marketing, théâtre, attaque frontale et négociation d’intimidation. Dans ses échanges avec la presse et ses prises de parole publiques, Donald Trump adopte souvent une forme de communication infantilisante, comme s’il ne 

n’adressait pas à des citoyens adultes et éclairés, mais à un auditoire d’enfants à convaincre par des mots simples et directs. Son discours est volontairement déstructuré, sans véritable enchaînement logique, dénué de nuances, et surtout marqué par une autorité brute. Il simplifie à l’extrême des problématiques complexes, répétant des slogans faciles à retenir, usant d’un vocabulaire basique, parfois même pauvre, afin de frapper les esprits. Cette rhétorique rudimentaire, presque instinctive, n’est pas le fruit du hasard : elle vise à imposer un message sans contestation, en évitant tout débat de fond.

Pourquoi cela fonctionne (encore) ?

• Base électorale solide : Trump conserve le soutien massif d’une Amérique rurale, conservatrice, évangélique et anti-élite.

• Fatigue démocratique mondiale : Dans un monde en crise, beaucoup préfèrent un leader brutal mais efficace à un réformateur lent.

• Échec des institutions à le contenir : Malgré les alertes des juges, du Congrès, des médias, Trump joue avec les failles du système. Il en fait une arme.

Les risques d’un tel leadership

1. Isolement international : Les alliances traditionnelles (OTAN, G7, ONU) sont fragilisées. L’unilatéralisme devient la norme américaine.

2. Risque d’escalade incontrôlée : Une décision impulsive peut déclencher une crise militaire (Iran, Corée du Nord, Chine).

3. Érosion de l’État de droit : L’exécutif devient une machine autonome, affaiblie par l’absence de contre-pouvoirs.

4. Crise interne : Manifestations massives, violence politique, polarisation sociale.

Comment gérer un leader imprévisible ?

Voici 6 stratégies concrètes pour les États et institutions confrontés à ce type de leader :

1. Fixer les cadres, pas les contenus

→ Négocier les règles du jeu avant les décisions (temps de parole, processus, agendas). Trump respecte rarement les contenus, mais respecte parfois les règles… s’il les a imposées.

2. S’exprimer par les actes, pas par les réactions

→ Ne pas répondre émotionnellement à ses provocations. Agir discrètement, avec constance. L’ego est son moteur : ne pas le nourrir.

3. Renforcer les coalitions régionales

→ Un leader unilatéral se neutralise par une alliance solide (Europe, Afrique, ASEAN, Amérique latine).

4. Maintenir des relations bilatérales silencieuses

→ Avec des conseillers de second rang, des diplomates expérimentés, en dehors de la scène médiatique.

5. Créer des garde-fous juridiques

→ Renforcer les institutions locales, les cours constitutionnelles, les parlements, pour bloquer les dérives internes.

6. Développer une communication de long terme

→ Créer des récits puissants, positifs, pour contrer ses slogans destructeurs. L’imprévisibilité gagne quand les autres sont confus.

Trump est un produit de son époque : une époque incertaine, anxieuse, inégalitaire. Il en incarne les excès, les désordres, mais aussi l’énergie. Sa méthode n’est pas seulement une rupture avec la diplomatie classique, c’est une redéfinition du pouvoir.

Trump n’est pas un homme du hasard. Derrière ses discours à l’apparence brouillonne, son langage simplifié à l’extrême, et son autoritarisme verbal, se cache une mécanique bien huilée. Chaque mot, chaque pause, chaque slogan est pesé, calibré pour produire un effet. Son style n’est pas une improvisation, mais une stratégie — celle du choc contrôlé.

Pour dialoguer avec lui, il ne faut ni le provoquer frontalement, ni chercher à le convaincre par des arguments classiques. Il faut parler sa langue : celle du business, du rapport de force, et de l’intérêt immédiat. Car Trump n’est pas un idéologue : c’est un négociateur. Le contrarier, c’est risquer une rupture brutale. Le comprendre, c’est s’armer d’intelligence tactique face à un chef d’État qui dirige, faut-il le rappeler, la première puissance militaire et économique du monde.

تاريخ Jun 25, 2025