Ahmed ABDELKRIM
En 2025 les guerres ne se mènent plus uniquement avec des drones et des missiles.
Les champs de bataille modernes sont dominés par les cyberattaques massives, les hackers d’État et les réseaux de désinformation virale.
Les lignes de front se sont déplacées vers les espaces numériques, où les esprits sont devenus des cibles prioritaires.
Dans cette guerre de nouvelle génération, la maîtrise des perceptions est l’arme la plus efficace. Les États n’ont plus besoin d’envahir des territoires : il leur suffit de pirater les esprits par la manipulation des réseaux sociaux, la diffusion de fake news et l’intoxication médiatique.
Le Maroc ne joue pas un rôle d’allié stratégique d’Israël, mais bien celui d’un relais docile, agissant comme un simple agent au service des intérêts sionistes. Depuis la normalisation de leurs relations en 2020, le Royaume s’est progressivement positionné comme une courroie de transmission des agendas israéliens dans la région. Ce n’est pas une coopération d’égal à égal, mais une relation déséquilibrée où le Maroc applique, sans réserve, les orientations dictées par Tel-Aviv. Dans cette dynamique, Rabat ne défend plus ses propres intérêts souverains, mais participe activement aux stratégies de déstabilisation ciblées contre certains pays, en particulier l’Algérie, en utilisant des outils de guerre cognitive, de manipulation médiatique et de désinformation. Une guerre discrète, orchestrée à distance, dans laquelle le Maroc semble s’être résigné à endosser le rôle d’exécutant fidèle des desseins israéliens.
La guerre cognitive : Comprendre les armes informationnelles
Pour mesurer la portée de ces offensives, il est essentiel de comprendre les différentes formes de manipulation utilisées et leur impact direct sur la société, en particulier sur la jeunesse.
1. Les fake news (fausses nouvelles)
• Fake news : Informations inventées ou déformées, diffusées délibérément pour tromper l’opinion publique.
• L’impact sur la jeunesse algérienne : Les jeunes, ultra-connectés, consomment l’information rapidement et souvent sans vérifier les sources. Les fake news renforcent leur défiance vis-à-vis des autorités, diffusent une vision pessimiste du pays et favorisent la désillusion sociale.
• L’exemple marocain : Propagation sur TikTok de fausses vidéos annonçant des "pénuries en Algérie" ou la "chute économique imminente du pays", sans fondement.
2. Les rumeurs
• Rumeurs : Informations non vérifiées, qui circulent de manière informelle, amplifiées par le bouche-à-oreille et les réseaux sociaux.
• L’impact sur la jeunesse algérienne : Les rumeurs créent la peur, la confusion et la méfiance. Chez les jeunes, elles alimentent les théories du complot et déstabilisent leur confiance envers l’État et les institutions.
3. La désinformation
• Désinformation : Diffusion d’informations délibérément fausses ou manipulées dans un objectif stratégique.
• L’impact sur la jeunesse algérienne : La désinformation pousse les jeunes à adopter des positions hostiles à leur propre pays et à glorifier l’adversaire. Elle favorise aussi l’acceptation d’idéologies étrangères.
• L’exemple marocain : Fabrication d’un discours international selon lequel "l’Algérie soutiendrait des groupes terroristes au Sahel", sans aucune preuve, pour isoler diplomatiquement le pays.
4. L’intoxication
• L’intoxication : Stratégie complexe visant à introduire des informations trompeuses dans le système décisionnel ou dans l’opinion publique pour forcer des erreurs de jugement.
• L’impact sur la jeunesse algérienne : L’intoxication sème des perceptions erronées qui peuvent conduire les jeunes à agir contre leurs propres intérêts, à travers des mouvements sociaux manipulés ou des revendications détournées.
• L’exemple marocain : Diffusion ciblée de fausses alertes sur des "fuites massives de capitaux" ou "défaillances économiques", poussant certains jeunes à accélérer leur exil, la harga, le désengagement social, la consommation de drogues.
5. La manipulation
• La manipulation: Action de contrôler ou d’orienter les opinions, les émotions ou les comportements de manière subtile et souvent invisible.
• L’impact sur la jeunesse algérienne : La manipulation affecte directement les convictions des jeunes en leur présentant des "vérités alternatives" qui déforment leur compréhension du monde et de leur propre pays.
• L’exemple marocain : Utilisation d’influenceurs algériens basés à l’étranger pour imposer un discours anti-étatique sur TikTok et YouTube, qui gagne rapidement en crédibilité auprès des jeunes les plus crédules.
6. La propagande
• Propagande: Communication massive et structurée visant à imposer une idéologie ou à légitimer des actions en dissimulant les faits réels.
• L’impact sur la jeunesse algérienne : La propagande martèle des messages répétés qui finissent par façonner les croyances, parfois au détriment des faits.
• L’exemple marocain : Insistance constante sur l'idée que le Sahara Occidental est "officiellement marocain", alors que l'ONU et la Cour internationale de justice reconnaissent toujours le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination.
La jeunesse algérienne : une cible de choix
Pourquoi la jeunesse est-elle vulnérable ?
• Un quart de la population algérienne (18-34 ans) : représente environ 23,4 % de la population.
• Ultra-connectée : plus de 97 % des jeunes de 18 à 29 ans sont connectés à Internet.
• Usage massif des réseaux sociaux : TikTok, Facebook, Instagram et YouTube sont les principales sources d’information des jeunes.
• Faible formation à l’esprit critique numérique : peu d’outils pour vérifier la véracité des informations.
Impacts concrets sur la jeunesse :
Fracture sociale : De plus en plus de jeunes se sentent exclus et déconnectés des institutions. Ils ne croient plus en leur utilité et se tournent vers des réseaux parallèles.
Perte de confiance : Beaucoup pensent que tout est mensonge et manipulation, préférant croire les influenceurs anonymes plutôt que les médias ou l'État.
Dévalorisation du pays : L’idée que l’Algérie est un pays sans avenir se propage, notamment via les réseaux sociaux avec des hashtags comme #Harga.
Fuite des cerveaux : Les jeunes diplômés rêvent majoritairement de partir, alimentant la perte des compétences nationales.
Radicalisation douce : Certains jeunes reprennent inconsciemment des discours extrémistes ou anti-nationaux diffusés par des réseaux étrangers hostiles.
Comment se défendre contre la guerre cognitive ?
Mesures de vigilance et de prévention :
1. Former les jeunes à l’esprit critique et à la vérification des sources.
L’éducation nationale doit intégrer des cours de littérature numérique et de décryptage des fake news.
2. Renforcer la vigilance citoyenne et l’éducation numérique.
Les structures de cyber surveillance et de protection de l’espace numérique existent déjà et sont pleinement opérationnelles. Cependant, la lutte contre la désinformation ne peut être efficace sans l’implication active des citoyens. Il est nécessaire de sensibiliser massivement la population à la vérification des sources, de promouvoir des comportements responsables sur les réseaux sociaux et d’encourager chaque Algérien à devenir un acteur de la sécurité informationnelle. Chaque citoyen doit être un rempart contre les fake news en refusant de relayer des informations douteuses et en participant à la diffusion de contenus vérifiés
3. Lancer des campagnes de sensibilisation massives.
Les médias et les institutions doivent utiliser les mêmes plateformes (TikTok, YouTube) pour informer et former.
L’État algérien, conscient des menaces croissantes de la guerre cognitive et des tentatives de manipulation étrangère, a mis en place des dispositifs robustes pour protéger la souveraineté nationale. La Police nationale, la Gendarmerie et les services de renseignement disposent de structures hautement compétentes, qualifiées et bien formées en matière de cyber-sécurité et de cyber-protection. Ces institutions veillent activement à la surveillance du cyberespace et à la neutralisation des tentatives d’attaques informationnelles qui visent à déstabiliser la nation. Cependant, la vigilance individuelle reste indispensable. Chaque citoyen, et particulièrement chaque jeune, doit apprendre à vérifier les informations, à se méfier des rumeurs, et à comprendre qu’il joue un rôle direct dans la préservation de l’intérêt national.
La défense contre la manipulation commence par une attitude responsable face à l’information.
Une bataille pour la souveraineté mentale
La guerre cognitive n’est pas une théorie abstraite. Elle est aujourd’hui une arme de déstabilisation massive utilisée par des états voyous comme Israël et le Maroc pour affaiblir les autres nations sans confrontation militaire directe.
Pour l’Algérie, les frontières physiques ne suffisent plus à garantir la sécurité nationale.
Dans ce nouvel ordre mondial, ce sont les frontières mentales, émotionnelles et numériques qui sont les plus vulnérables et les plus convoitées.
Face à ces risques, l’État algérien a pris ses responsabilités en déployant des structures solides et compétentes en cyber sécurité et en cyber protection. Mais aucun système ne peut être infaillible sans la vigilance de ses propres citoyens. Chaque Algérien devient aujourd’hui un soldat de l’information.
La défense de la nation est désormais une affaire collective. Il s’agit de bâtir une génération. Notre pays a aujourd’hui besoin d’une nation composée de citoyens pleinement conscients, capables de veiller eux-mêmes à leur propre sécurité. Dans cette ère de guerre cognitive, chacun de nous est un soldat de l’information, investi d’une responsabilité individuelle et collective : celle de protéger les intérêts du pays et de faire preuve d’une vigilance constante. Ce n’est ni un slogan, ni un discours de circonstance. C’est une exigence, un devoir.
La menace est bien réelle. Ce n’est pas une hypothèse ni une théorie : des groupes organisés, malveillants et des relais régionaux travaillent activement, chaque jour, à nous cibler en tant que citoyens. Ils cherchent à manipuler nos perceptions, à diviser notre société, à affaiblir notre cohésion nationale, souvent sans que nous en ayons conscience. La guerre de demain ne se gagnera pas uniquement avec des armes, mais avec l’éducation, la lucidité et la capacité de chacun à déjouer la manipulation. Veiller à la protection de notre pays est l’affaire de tous.
Protéger l’Algérie commence par protéger nos esprits. Celui qui baisse la garde livre son pays sans le savoir.
