الحراك الإخباري - Eid Mabrouk, dites vous ?

Eid Mabrouk, dites vous ?

منذ 22 ساعة|الأخبار



De Paris: Souheila BATTOU 

Journaliste et cinéaste 


Que fête-t-on vraiment cette année? Un rite vidé de sens ? Une coutume répétée mécaniquement, pendant que le monde s’effondre autour de nous ?

Que célèbrent ceux qui s’habillent de neuf pendant que d’autres enterrent leurs enfants ?

Que reste-t-il de la fête quand la viande est introuvable, quand l’eau devient une légende, quand le ciel n’apporte plus la paix mais le feu ?

Du Soudan en flammes à la Syrie martyrisée, du Liban asphyxié à la Libye morcelée, c’est tout un monde musulman qui vacille dans la douleur :

Que fête le croyant dont le frère, ailleurs, est affamé, déplacé, bombardé, oublié ?

À Gaza, la fête du sacrifice ne se vit pas — elle s’endure.

Il n’y a plus rien à offrir, si ce n’est le silence des mères, la faim des enfants, la poussière sur les visages. Sous les tentes éventrées, on ne redoute plus la mort : on redoute l’effacement.

Ailleurs, les musulmans sont frappés jusque dans leurs mosquées. Des femmes se font arracher leur voile en pleine rue. Des discours islamophobes haineux prospèrent sur les plateaux, et l’indignation se fait sélective.

Les violences racistes se multiplient, mais le vacarme médiatique les recouvre d’un voile de normalité.

Pourtant, dans ce vacarme sourd, un souffle de vie refuse de se taire. Des jeunes croyants ou non, venus des quatre coins du monde avancent vers Rafah. Leur foi n’est pas faite de dogmes, mais d’élan. Ils n’ont ni bannières ni certitudes, mais ils ont la marche pour prière. Ce n’est plus un pèlerinage aux rites immuables, mais un appel vibrant à la compassion.

Des visages déterminés, des cœurs qui s’ouvrent, des pas qui résonnent plus fort que le silence des rois.

Sur les réseaux, la voix de Mona Ghandour, journaliste et militante de la première heure, écrit: “Chaque Aïd, vous maquillez vos fêtes du sang palestinien, et laissez (le prophète) Youssef seul au fond du puits.”

Les organisateurs de la marche insistent : « Nous ne forcerons aucune barrière, aucune frontière. Notre objectif est de négocier l’ouverture du terminal de Rafah avec les autorités égyptiennes, en collaboration avec les ONG, les diplomates et les organisations humanitaires. » Ce terminal est en effet l’un des principaux points de passage de l’aide humanitaire vers la bande de Gaza, dévastée par les bombardements israéliens et plongée dans une situation humanitaire catastrophique.

La jeune journaliste algéro-canadienne Somia N. nous confie que ce voyage vers Gaza n’est presque pas un choix :

« C’est le seul remède à ce sentiment d’impuissance que je ressens face aux atrocités, aux images en direct de ce génocide. »

Elle raconte son long périple depuis le Canada, une escale de deux heures à Doha, puis les 80 kilomètres à pied jusqu’à Rafah.

À leurs pas répond celui d’un bateau de fortune qui fend la Méditerranée, chargé non d’armes, mais de vivres, de médicaments, d’espoir incarné : médecins au regard obstiné, militants au poing tendu. Ils ont choisi de ne pas détourner le regard. Ils ont fait du courage leur offrande la plus précieuse.

Et l’on se demande : où sont nos artistes ? Où sont nos penseurs, nos champions, nos voix ?

Karim Benzema, lui, a choisi d’agir. Il participe à la Marche mondiale vers Gaza, loin des projecteurs, aux côtés des anonymes.

Et les autres ? Se contentent-ils de briller, loin du brasier ?

Le vrai sacrifice ne se mesure pas au sang de la bête, mais à ce que nous sommes prêts à perdre pour rester humains.

🌐 Site officiel : https://marchtogaza.nets

تاريخ Jun 6, 2025