Par Ahmed Abdelkrim
Alors que le tumulte des tensions régionales s’intensifie, l’Algérie semble emprunter une voie discrète mais assurée : celle de l’affirmation économique, de la souveraineté stratégique et d’un positionnement équilibré dans les relations internationales. À l’opposé, le Maroc mobilise une diplomatie de l’image, agressive, marquée par la désinformation et une communication politique calibrée à l’extrême. Deux logiques s’affrontent : d’un côté, un pays qui construit, investit, attire ; de l’autre, un voisin qui mise sur la manipulation, mais voit se creuser ses fragilités internes.
L’Algérie, une stabilité qui attire les puissances économiques
Ces dernières semaines, l’actualité économique algérienne s’est accélérée. Trois annonces majeures ont marqué les observateurs internationaux :
• Le groupe américain Whirlpool, acteur mondial de l’électroménager, a signé un partenariat industriel avec le groupe algérien Condor pour lancer une production locale à vocation exportatrice.
• Les géants pétroliers Chevron et ExxonMobil ont tenu des réunions bilatérales au sommet avec le président Abdelmadjid Tebboune, confirmant leur intérêt pour le potentiel énergétique du pays.
• Plusieurs groupes étrangers — omanais, italiens, turcs — ont officialisé ou renouvelé leurs investissements dans l’agroalimentaire, la logistique, les mines et les infrastructures.
Ce regain d’intérêt n’est pas anodin. Il repose sur des atouts concrets et différenciants :
• Une position géographique stratégique entre Europe, Afrique subsaharienne et Méditerranée orientale ;
• Une stabilité politique et sécuritaire dans une région sous tension chronique ;
• Des réserves énergétiques majeures, particulièrement en gaz naturel ;
• Une politique étrangère non-alignée, permettant à l’Algérie de dialoguer aussi bien avec Washington, Pékin que Moscou ;
• Et surtout, un choix clair de souveraineté économique, fondé sur le développement du tissu industriel local et la relance de la production nationale.
Le Maroc : entre vitrine médiatique et fragilité structurelle
Face à cela, le Maroc multiplie les initiatives de désinformation à l’international, notamment par des campagnes diplomatiques hostiles, des contrats médiatiques avec des agences étrangères de lobbying et des interventions répétées dans des tribunes occidentales. L’objectif affiché : se positionner comme un hub économique africain et un modèle régional. Mais la réalité macroéconomique marocaine contraste fortement avec cette image lissée.
Selon les dernières données disponibles :
• La dette publique dépasse les 100 milliards d’euros, soit environ 70 % du PIB, avec un service de la dette en hausse constante.
• Le taux d’exode des jeunes diplômés est en forte progression, reflet d’un marché du travail saturé et peu inclusif.
• Les inégalités sociales se creusent, notamment entre les régions littorales développées et l’intérieur du pays.
• La dépendance accrue aux investissements étrangers (du Golfe et d’Israël notamment), place le Royaume dans une position de vulnérabilité stratégique au prix d’un alignement politique de servitude.
Le modèle marocain de développement est fondé sur une forte exposition extérieure et une attractivité vitrine.
Deux visions du développement : le fond contre la forme
En observant les dynamiques algéro-marocaines, deux logiques économiques apparaissent :
• L’Algérie opte pour une montée en puissance progressive, fondée sur le partenariat stratégique (plutôt que l’attractivité cosmétique), le renforcement du tissu productif, et une sélection rigoureuse des partenaires internationaux.
• Le Maroc, en revanche, s’appuie sur le marketing territorial, la séduction médiatique, et des accords commerciaux déséquilibrés.
Cette divergence se manifeste clairement dans le regard des grandes puissances économiques : Whirlpool, Chevron, ExxonMobil ne choisissent pas l’Algérie par hasard. Ils y voient une plateforme stable, dotée de ressources et tournée vers l’exportation régionale, au moment où le marché africain devient un nouveau front stratégique mondial.
L’Algérie choisie, le Maroc subit :
Le contraste est saisissant : pendant que l’Algérie signe des contrats structurants, modernise ses infrastructures et renforce son rôle régional, le Maroc s’agite pour influencer les récits, au détriment des faits.
L’Algérie ne cherche pas à séduire l’opinion internationale à tout prix. Elle agit. Et c’est précisément cela qui attire les grands acteurs du marché mondial.
À l’heure où les narratifs médiatiques s’entrechoquent, les faits, les chiffres et les accords signés dessinent une réalité bien plus solide : l’Algérie, forte de son leadership et de sa souveraineté, avance avec sérénité.
Elle ne cède ni à la précipitation ni aux illusions de court terme. Elle analyse, sélectionne, construit, et multiplie les partenariats stratégiques selon ses propres intérêts.
Ce n’est pas l’Algérie qui frappe aux portes, ce sont les portes qui s’ouvrent devant elle.